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Le cancer colorectal, un cancer évitable

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Le cancer colorectal évolue souvent, dans un premier temps, sans symptôme ni signe perceptible. De ce fait, il est parfois diagnostiqué tardivement et nécessite alors des traitements lourds. Se faire dépister régulièrement permet d’identifier ce cancer à un stade précoce de son développement, voire de détecter et de traiter des polypes avant qu’ils n’évoluent vers un cancer.

Lorsqu’un cancer colorectal est détecté à un stade précoce, c’est-à-dire qu’il est relativement petit et ne s’est pas propagé loin de son point d’origine, la survie à 5 ans dépasse 90 % et les traitements utilisés sont moins lourds, permettant une meilleure qualité de vie.

Près de 95 % des cancers colorectaux sont diagnostiqués après 50 ans, chez les hommes comme chez les femmes. C’est pourquoi le programme national de dépistage organisé du cancer colorectal s’adresse à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans et qui ne présentent ni symptôme, ni facteur de risque particulier. Ce dépistage consiste à réaliser un test de recherche de sang caché dans les selles à faire chez soi. Si vous appartenez à cette tranche d’âge, vous êtes invité par courrier, tous les deux ans, à consulter votre médecin traitant afin qu’il vous remette un test de dépistage. Ce courrier vous est envoyé par la structure en charge des dépistages dans votre département.

Vous pouvez aussi obtenir un kit de dépistage chez votre médecin traitant sans attendre votre lettre d’invitation, à l’occasion d’une consultation. Votre médecin vous posera les questions qui lui permettront de déterminer votre niveau de risque et vous orientera vers la modalité de dépistage adaptée à votre situation.

Le dépistage organisé du cancer colorectal consiste en la réalisation d’un test immunologique simple et indolore, à faire chez soi. Si le résultat de ce test est positif (4,6 % des cas), une coloscopie vous sera alors prescrite.

Seuls 30% des Français se font dépister pour l’un des cancers les plus meurtriers. Malgré des chiffres alarmants, 42 000 nouveaux cas déclarés et 17 500 victimes chaque année (soit 5 fois plus que les accidents de la route), et une campagne initiée par les gastro- entérologues en 2008 pour communiquer sur l’importance du dépistage, le cancer colorectal demeure un véritable fléau et un problème majeur de Santé Publique.
En effet, ce sujet inquiète peu les Français (1 français sur 2) qui persistent à ne pas le prendre au sérieux. C’est pour mieux appréhender leur niveau de connaissance et mieux identifier les freins au dépistage, que les gastro-entérologues ont lancé une enquête nationale OpinionWay en décembre dernier.

La majorité des Français de 50 ans et plus déclare connaître la maladie, pour autant 1/4 d’entre eux ne sait pas exactement de quoi il s’agit. Les Français ne se sentent pas concernés, car peu d’entre eux ont, dans leur entourage familial, des cas de cancer du côlon. Par ailleurs, le stade d’apparition tardif des symptômes et les cas familiaux méconnus font que près de la moitié des Français interrogés se déclare peu inquiets par ce sujet, et la majorité ne se perçoit pas comme étant des sujets à risque.

Il est à noter que la coloscopie est la pratique de dépistage la moins utilisée, car représentant un tabou relevant de la sphère intime.

Le test immunologique, c’est quoi ?

Le test immunologique, désormais disponible, est un test simple, pratique et efficace qui vise à déceler la présence de sang humain dans les selles. En effet, certains polypes ou cancers provoquent des saignements souvent minimes et donc, difficiles voire impossibles à détecter à l’œil nu.

Ce test, à réaliser chez vous, consiste à prélever un échantillon de selles et à l’envoyer au laboratoire de biologie médicale dont l’adresse est indiquée sur l’enveloppe T fournie avec le test. Un mode d’emploi détaillé et illustré, remis avec le test, et une vidéo sont à votre disposition pour vous aider à le réaliser.

Attention : il est essentiel d’indiquer la date à laquelle vous avez réalisé votre test, faute de quoi il ne pourra pas être interprété. Il est également important de l’envoyer sous 24 heures et donc, d’éviter de le poster les veilles de jours fériés.

Le laboratoire vous transmet le résultat de votre test sous 15 jours, avec copies à votre médecin traitant et à la structure en charge des dépistages dont vous dépendez.

Si vous souhaitez consulter ce résultat sur Internet, inscrivez-vous sur le site www.resultat-depistage.fr.

L’analyse des résultats

Votre résultat est négatif (environ 96 % des cas) : cela signifie qu’aucun saignement pouvant témoigner de la présence d’un cancer ou de lésions précancéreuses n’a été détecté au moment du test. N’oubliez pas de refaire le test tous les 2 ans.

Votre résultat est positif (environ 4 % des cas) : cela ne signifie pas que vous avez un cancer mais que du sang a été détecté dans vos selles. Pour en identifier l’origine, votre médecin vous adressera à un gastroentérologue afin qu’il réalise une coloscopie. Effectué sous anesthésie, cet examen permet de déceler la présence éventuelle de polypes et de les retirer avant qu’ils ne se transforment en cancer. Si un polype a déjà évolué en cancer, plus on le détecte tôt, plus les chances de guérison sont importantes. Dans plus de la moitié des cas, la coloscopie ne décèle aucune anomalie. Elle détecte un polype dans 30 à 40 % des cas et un cancer dans 8 % des cas.

Combien ça coûte ?

Le test et son interprétation sont pris en charge à 100% par l’assurance maladie, sans avance de frais de votre part. La consultation chez le médecin traitant est remboursée à 70 % par l’assurance maladie, sur la base du tarif conventionné de 23 euros. Le reste à votre charge est remboursé par votre complémentaire de santé (assurance, mutuelle) si vous en avez une.

A noter : si vous êtes bénéficiaire de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-c) ou de l’aide médicale d’État (AME), vous n’aurez pas d’argent à avancer pour la consultation chez le médecin traitant. Tout sera pris en charge par l’assurance maladie.

En cas de coloscopie

La coloscopie, effectuée par un gastroentérologue assisté d’un médecin anesthésiste, constitue l’examen
de référence pour visualiser l’intérieur de l’intestin. Il permet aussi de déceler et retirer d’éventuels polypes avant qu’ils n’évoluent en cancer.

Le risque de complications liées à la coloscopie existe mais il est rare. Outres les risques liés à toute anesthésie, celui de complications est de l’ordre de 1 à 4,5 pour 1 000 coloscopies réalisées, avec un risque plus important à partir de 70 ans. Le risque de décès est estimé entre 1 pour 18 000 coloscopies et 1 pour 10 000 coloscopies. Il est accru après 75 ans.

Le fait de réaliser une coloscopie vous rend inéligible au programme de dépistage organisé, pour une durée dépendant du résultat de cet examen. Le médecin traitant ou le gastroentérologue vous préciseront les modalités de surveillance adaptées à votre cas.

Mon médecin m’a parlé d’une consultation d’oncogénétique : qu’est-ce que c’est ?

Si vous avez des antécédents familiaux de certaines maladies colorectales héréditaires, vous pourriez être porteur d’une génétique qui vous prédispose à un risque potentiellement « très élevé » de développer un cancer colorectal. Pour savoir si vous présentez une telle mutation, votre médecin peut vous adresser à une consultation d’oncogénétique.

Un spécialiste vous donnera une information générale sur le cancer et la génétique, et vérifiera avec vous l’histoire des cancers dans les branches maternelle et paternelle de votre famille. S’il l’estime nécessaire, il vous proposera un test dont l’objectif est de rechercher une éventuelle prédisposition génétique au cancer. Un suivi spécifique vous sera proposé selon les résultats de ce test.

Les interlocuteurs privilégiés dans le cadre du dépistage du cancer colorectal

Le médecin traitant est votre interlocuteur privilégié : c’est lui qui vous propose la modalité de dépistage ou de suivi la plus adaptée à votre cas. Il vous conseille aussi sur ce que vous pouvez faire pour réduire votre risque de cancer colorectal, en particulier arrêter de fumer, réduire votre consommation d’alcool, pratiquer régulièrement une activité physique et surveiller votre poids.

S’il estime que le programme de dépistage organisé est adapté à votre cas :

■ il vous en explique le principe et vous informe sur ses avantages et ses limites ;

■ il discute avec vous de vos éventuelles réticences si vous hésitez à le faire ou le refusez ;

■ il vous remet le kit de dépistage si vous acceptez de le réaliser ;

■ il vous explique les étapes du mode d’emploi et s’assure que vous les avez comprises.

Si votre résultat est négatif, il vous donne rendez-vous deux ans plus tard. N’hésitez pas à retourner le voir avant ce délai en cas de symptômes.

Si votre résultat est positif, il vous adressera à un gastroentérologue pour faire une coloscopie.

Le gastroentérologue est le médecin spécialiste de l’appareil digestif. C’est à lui que le médecin traitant vous adressera si le résultat de votre test de recherche de sang dans les selles est positif. Il effectuera alors une coloscopie pour déterminer les causes du saignement.

Si vous présentez des facteurs de risque ou des symptômes particuliers, votre médecin traitant vous adressera directement à un gastroentérologue, qui réalisera des coloscopies de surveillance à une fréquence qu’il déterminera selon votre situation individuelle.

Si votre médecin vous a adressé à une consultation d’oncogénétique, vous rencontrerez un médecin oncogénéticien (ou un conseiller en génétique). Il vous donnera une information générale sur le cancer et la génétique, et vérifiera avec vous l’histoire des cancers dans les deux branches de votre famille : maternelle et paternelle. S’il l’estime nécessaire, il vous proposera alors un test dont l’objectif est de rechercher une éventuelle prédisposition génétique au cancer. Le choix de réaliser ces analyses génétiques est personnel et non obligatoire. Suivant le résultat de ce test, ce spécialiste vous indiquera les mesures de dépistage ou de surveillance adaptées à votre cas.

Les structures en charge des dépistages

Ces structures gèrent les programmes de dépistage organisé des cancers du sein et colorectal au niveau départemental ou interdépartemental. Ce sont elles notamment, qui envoient les courriers d’invitation au dépistage. Si vous ne l’avez pas reçue, vous pouvez contacter la structure de votre département ou prendre rendez-vous chez votre médecin traitant sans cette invitation.

Les structures de gestion ont également pour missions :

■ de gérer et d’assurer la sécurité des fichiers des personnes ciblées par les dépistages ;

■ de participer à la sensibilisation et à l’information des populations concernées ;

■ d’organiser la formation des médecins et professionnels de santé sur les dépistages ;

■ d’assurer le suivi des dépistages ;

■ de veiller à la qualité du dispositif ;

■ de collecter les données pour le pilotage et l’évaluation des programmes ;

■ d’approvisionner les médecins généralistes en tests de dépistage du cancer colorectal.

Sources et crédits textes: Institut national du cancer – www.e-cancer.fr